En cette saison froide, je voulais te conter l’histoire d’un fait divers, qui m’a vraiment passionné (même si j’ai une fois de plus galéré à trouver des documents, et articles sur ce sujet en français, heureusement la traduction existe ).

Nous voilà plongés au fin fond de la campagne de Pennsylvanie en 1910, dans une petite ville totalement isolée, sans électricité (Edison a mis en place cette merveille en 1885 de l’autre côté de l’atlantique), ni eau courante. 

Suzannah Mummey y vit paisiblement avec sa fille Tavilla et son mari.

Un matin, elle se réveille en sursaut, ayant eu une sorte de prémonition qui révélait que son époux Henry allait mourir le 5 juillet de cette même année. 

Le jour J arriva, la brave dame le supplia alors de ne pas se rendre dans l’usine à poudre dans laquelle il était employé… Mais rien n’y fait.

Le malheur survenu, une explosion et Henry décéda. 

 

 

Complétement perdue et ayant besoin de se confier, elle alla raconter sa vision. 

Comme d’habitude panique à bord, les villageois commencèrent à flipper, se munissant de grigris, symboles ésotériques afin de se prémunir du mauvais oeil. 

Avec les années, ce statut de “witch” ne s'est pas arrangé, les voisins et autres mauvaises langues l’accusaient sans cesse de tous leurs malheurs, mauvaise récolte c’est la faute à Suzy,  une maladie bah encore l’autre folle bien sûre !

Madame Mummey se décida à vivre complètement recluse en compagnie de sa fille loin de tous ces commérages. 

Comme beaucoup de femmes dites “sorcières”, Suzannah connaissait parfaitement l’art 

de la guérison avec les plantes. 

En 1934, elle vint à accueillir un pensionnaire, Jacques Rice. 

Le pauvre homme avait une blessure limite de l'amputation au pied.  

Un soir, alors qu’elle changeait le pansement de son hôte, un bruit sourd comme une détonation vient à les surprendre, puis un froid glacial qui éteignit la lampe à huile de la maison (toujours pas d'électricité dans la famille Mummey).

Une seconde détonation arriva quelques minutes plus tard, effrayé tout le monde se mit au sol n’osant plus bouger (à peine respirer). 

Un moment se passa jusqu'à ce que Jacques se releva et alla vérifier que la mère et la fille allaient bien. 

Tavilla était encore sous le choc, rien de casser.

Suzannah quant à elle, ne bougeait plus. 

La pauvre dame était allongée sur le sol, noyé dans son sang.

Jacques et Tavilla attendirent jusqu’au lendemain avant d’aller chercher la police. 

 

Voilà l'apparition du détective de l’histoire, le Sherlock Holmes de la vallée : Louis Buono. 

Après constat de la mort, une balle en plein en coeur, le policier vient à retrouver le projectile : une “balle magique”, comme par hasard uniquement fabriquée dans le coin qui servait à chasser les cerfs et les démons (où est le rapport entre les deux bonne question).

 

 

 

Notre enquêteur commença donc ses recherches, en débutant par le voisinage, qui bizarrement fut très heureux d’apprendre la nouvelle, profitant au passage pour dévoiler un peu tous les ennemis de Suzannah, ceux à qui elle aurait pu jeter un sort. 

Mais après quelques jours, toujours aucune piste fiable, des interrogatoires foireux et des rapports balistiques qui ne coordonnent pas, Louis se demanda s’il ne devait pas passer à autre chose. 

Un matin, enfin ! Un témoin vint à parler, disant avoir vu une voiture abandonnée depuis plusieurs jours sur le chemin donnant vers la maison de Suzy. 

Ni une ni deux, celle-ci fût vite associée à une personne : Albert Schinsky.

Les policiers se rendirent au domicile de celui-ci, et le trouvèrent dans une position plutôt bizarre. 

L’homme était en train d’enjamber la rambarde extérieure du premier étage de sa maison (soit il était acrobate, soit il avait perdu ses clefs). 

Il explique que c’est son unique moyen de rentrer chez lui, le rez-de-chaussée de sa demeure étant infesté de démons et de sorcières (mais oui Albert, on y croit de soucis ).

 

 

Lors de l’interrogatoire, le suspect avoue ouvertement avoir tué la sorcière.

Cela faisait 7 ans qu’Albert vivait un enfer, suite à un sort jeté par Suzannah.

À cette époque, il était employé par le voisin de notre défunte, une fois de plus une dispute éclata entre elle et le jeune homme pour une histoire de limitation de parcelle. 

Durant les jours qui suivirent, la dame rôdait autour du terrain, jusqu'à un matin où elle resta figée derrière la clôture et regarda fixement Albert. 

Il fut pris subitement de sueurs froides, d’une sensation de deux poids invisibles qui l'emmenaient à une extrême fatigue, l'empêchant de continuer son travail. 

 

 

 

De là, le calvaire de notre homme commença. 

En plus de la fatigue, il dit apercevoir un immense chat noir dans sa chambre à coucher certains soirs, l’animal le menaçant et lui crachant dessus. Le phénomène allant aussi envahir les escaliers de sa maison. 

Lui créant ainsi un handicap total. 

Il se décida d’aller consulter divers “mages” et autres sorciers afin de guérir ses maux, allant ainsi de différentes amulettes, potions.

Toujours aucun effet, l’homme est contraint de quitter son emploi, la vallée pour se rendre dans sa famille qui habitait à quelques km. 

Après un peu de repos, il se remit en selle.

Voilà que le chat réapparaissait encore et encore… À en devenir fou !

Lors d’une énième consultation, un sorcier lui aurait suggéré de conjurer le sort en tuant Suzannah d’une balle magique. 

Albert emprunta la carabine d’un ami, moula et fondit des balles avant d’aller s'exécuter le soir du 17 mars. 

Il aura affirmé “j’étais ensorcelé, il n’y avait rien d’autre à faire, je devais la tuer. La chaise électrique sera toujours plus douce que ces souffrances” 

Sa propre fiancée (une femme le supportait), témoigna de la souffrance de son amoureux, ne pouvant même pas se marier à cause de cette bestiole cauchemardesque. 

Mais au lendemain du meurtre, alors que Selena ( la fiancée), pas encore au courant de l’acte commis, ne crut pas reconnaître Albert, il était comment dire bien mieux dans sa peau allant même jusqu’à sourire (ok donc là on passe du mec dépressif à la joie incarnée, ça rappelle légèrement un passage de Mercredi dans les valeurs de la famille Addams).

 

 

 

Après son arrestation, le tueur fut considéré comme un héros auprès des habitants de la vallée (tu vois un peu comment les gens pouvaient détester Suzannah), au point d’aller voir la police directement leurs disant qu'eux aussi avaient été ensorceler et maintenant libereeee, delivreeee (désolé trop facile). 

Une collecte mit en place pour payer l’avocat d’Albert. 

Je te raconte la fin de la fin ? 

Albert après expertise médicale, lui trouvant une démence précoce, il finit à l’asile de Fairview (toi aussi t’as la musique de Desperate Housewife en tête ?). 

1968, un avocat retomba sur le dossier et demanda une réexamination du procès… Voilà qu’après 30 derrière les barreaux, Albert ressortit libre en 1976, prouvant qu’il avait toute sa tête (je pense que les médocs ça a aidé pas mal aussi). 

Pour finir ses jours dans sa maison (avec ou sans le gros chat, ça on ne sait pas..). 

 

 

 

De nos jours, beaucoup de symboles ésotériques sont encore accrochés aux pas des portes de maison de Ringtown. 

Les propriétaires disent que c’est pour la déco… Je te dis que l’esprit de Suzy est encore en vie. 

 

J'espère que ce fait divers t’aura plu, tu peux retrouver plus d’articles à ce sujet dans la langue originale l’anglais ainsi que des articles de journaux d’époque.

À bientôt 

Noémie